Le nouvel album de Christian Escoudé en quintet. Une musique s’inscrivant dans une des grandes traditions du jazz, celle des mélodistes inspirés.
Victoire du jazz d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2022, à travers cet album, Christian Escoudé réaffirme avec force son appartenance à la terre qui l’a porté. Au sein d’un quintet regroupant des personnalités incontournables du jazz hexagonal (le saxophoniste André Villéger, la flûtiste Ludivine Issambourg, le batteur Simon Goubert,...), le guitariste, influencé par ses maîtres en écriture (Gil Evans, Claus Orgeman, Antonio Carlos Jobim, Johnny Mandel,...) s’impose ici autant comme compositeur que comme instrumentiste et maître de cérémonie, distribuant les rôles, orchestrant les tempéraments, au service d’un discours musical marqué de son empreinte.
Christian Escoudé présente un nouveau répertoire complètement original, de sa plume, arrangé ici pour plusieurs voix (guitare, flûtes, saxophone ténor/clarinette et orgue) dans une formule en quintet. La couleur musicale de l’ensemble s’inscrit dans un jazz mélodico-harmonique auquel il est attaché, illustré notamment par un hommage rendu au saxophoniste Paul Desmond et par une Suite en deux mouvements faisant référence à ses origines charentaises, « Ancrage ».
Pour déployer ces paysages sonores, qui reposeront aussi bien sur le tissage des voix et les échanges individuels que sur les effets de timbres et de masse, Christian s’est entouré de personnalités incontournables du jazz hexagonal. Deux des membres de ce quintet ont été distingués par le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz : outre Christian lui-même (Prix Django Reinhardt 1976), c’est en effet le cas du batteur Simon Goubert (1996). Brassant styles et générations, le nouveau quintet d’Escoudé met également en valeur une « front line » mixte avec la talentueuse flûtiste Ludivine Issambourg et le clarinettiste et saxophoniste André Villéger.
Line-up :
Christian Escoudé – guitare, compositions, arrangements
Ludivine Issambourg – flûte, flûte en sol, flûte basse
André Villéger – clarinettes, saxophone
Antoine Hervier – orgue Hammond
Simon Goubert – batterie
Christian Escoudé naît en 1947 à Angoulême d’un père tsigane et d’une mère charentaise. Son père, qui joue dans les bals musette de la région, voue une passion sans bornes à Django Reinhardt, qu’il transmet à son fils en l’initiant à la guitare dès l’âge de 10 ans. À 15 ans, Christian embrasse la carrière de musicien. Il gagne sa vie dans les bals et les mariages, taquine le tango, la rumba, les marches et autres cha-cha... Entre 1968 et 1970, Christian Escoudé obtient son premier « gig » 100% professionnel en intégrant à Monaco la grande formation d’Aimé Barelli. Il monte ensuite à Paris, accompagne les chanteurs de variété (Jean Ferrat, Nicole Croisille, Michel Fugain…), tout en fréquentant le Jazz In, où il rencontre l’organiste Eddy Louiss, avec lequel il se produit en trio, en compagnie de Bernard Lubat ou d’Aldo Romano. Il intègre ensuite le quintet de Steve Potts, les groupes de Didier Levallet (Confluences, Strings Swing System), le Michel Portal Unit, le quartet de René Urtreger, le trio Not Much Noise du tromboniste Mike Zwerin, tout en expérimentant en parallèle plusieurs formules de duos, avec le pianiste Michel Graillier, le violoncelliste Jean-Charles Capon ou le contrebassiste Charlie Haden. En 1976, l’Académie du Jazz lui décerne le prix Django Reinhardt, qui couronne le meilleur musicien de jazz français de l’année.
En participant, en 1980, à une tournée mondiale en duo avec John McLaughlin, Escoudé gagne la notoriété internationale. Il tient ensuite le pupitre de guitare dans le Big Band de Martial Solal, se produit en duo avec Didier Lockwood, puis en trio avec Lockwood et le guitariste belge Philip Catherine. En 1985-86, Christian tourne avec Jean-Charles Capon et Ron Carter, et fonde, avec Boulou Ferré et Babik Reinhardt, le Trio Gitan. En 1988, suite à une collaboration avec le pianiste John Lewis, Christian Escoudé signe chez Universal pour une série d’albums sur le label Verve : « Gipsy Waltz » (1989), « Live at the Village Vanguard » (1990), « Plays Django Reinhardt » (1991), « In L. A. » (1993), « Cookin’ in Hell’s Kitchen » (1994), « At Duc des Lombards » (1996), et l’emblématique « A Suite for Gypsies » (1998), pour quartet de jazz et quatuor à cordes, première œuvre d’envergure de Christian en tant que compositeur et arrangeur, qui lui permet de dialoguer avec le pianiste Joachim Kühn.
La période suivante est marquée par sa collaboration avec l’accordéoniste Marcel Azzola (« Ma Ya Ya », 2005), les différentes moutures du Nouveau Trio Gitan (notamment avec Jean-Baptiste Laya et David Reinhardt, pour un nouvel album en 2007), ainsi que ses relectures successives des musiques de Georges Brassens (« Au bois de mon cœur », Universal, 2011), et de John Lewis (« Saint-Germain-des-Prés », Universal, 2013), avec Stéphane Belmondo et Lew Tabackin.
S’il fait partie de cette famille de guitaristes de jazz issus du milieu manouche, Christian Escoudé s’est forgé un style de guitare propre, marqué par les canons du jazz bop et largement teinté d’influence tsigane. Il fait preuve à la fois d’un grand sens mélodique, où pointent des inflexions « gitanes », de beaucoup de chaleur dans le phrasé et d’une belle générosité de son, comme l’atteste son album « Django, les inédits » (Cristal Records, 2018).
Christian Escoudé obtient en 2022 une Victoire du Jazz d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Il décède le 13 mai 2024, à Angoulême, quelques semaines après la sortie de son ultime album "Ancrage", paru chez Label Ouest (Bayard Musique).