Odette Vercruysse
"Je passerai ma vie à dire à tous mes frères que tu es bon". Ces quelques mots expriment toute la vocation d'Odette Vercruysse, décédée le 15 avril 2000.
En mars 2001, les chanteurs chrétiens rendaient hommage à leur aînée en chantant en choeur un de ses titres les plus connus. Les poèmes et les musiques de celle qui composa notamment "Allez-vous en sur les places" ont fait le tour du monde. Cette femme discrète aura marqué plusieurs générations d'artistes soucieux de renouveau liturgique en français et de musique religieuse populaire.
Odette Vercruysse est morte dans sa petite maison de Faches-Thumesnil, dans la banlieue de Lille, où elle vivait depuis le début des années 50. Née à Ronchin, dans le nord de la France, le 18 janvier 1925, elle venait de fêter ses 75 ans. Elle venait également d'écrire pour le diocèse de Versailles, un chant de moisson "Notre vie est comme une gerbe".
Tertiaire de Saint François, Odette Vercruysse aura toujours aimé la nature et les jardins, où elle trouvait son inspiration. Son parcours a été marqué par un double souci: jouer de la musique et servir les autres. Née dans uen famille de marchands de musique, Odette baigne dès son jeune âge dans le chant grégorien et les oeuvres de Bach qu'elle joue à l'orgue, l'instrument qu'elle a pratiqué en paroisse durant soixante ans. Le piano et l'accordéon, à l'occasion, n'ont pas de secrets pour elle. Elle choisit pourtant de mener deux carrières: celle d'infirmière, en hôpital, puis à domicile, pendant 20 ans et celle d'enseignante.
Professeur de piano et de solfège à l'institution Notre Dame de la Treille à Lille, elle y crée, en 1956, sa première chorale d'étudiants, les JITI. Le concile allait stimuler sa forte créativité comme celle de beaucoup d'autres. C'est la rencontre avec le chanteur noir américain, français d'adoption, John Littleton, en 1968, qui fait connaître le répertoire d'Odette.
A Yerres, en région parisienne, au noviciat des soeurs auxiliaires de la Charité, le chanteur lyrique né en Louisiane, passionné de negro-spirituals, est bouleversé par les hymnes de la fille du Nord. Il y trouve, dit-il, une inspiration proche de celle des ses ancêtres, les esclaves noirs.
Leur premier disque "Amen" sera enregistré fin 69 à Studio SM avec les soeurs, dont un certain nombre d'anciennes des JITI. Ce sera un succès quasi immédiat. Trois autres Amen suivront dans la même veine sensible et moderne. Des dizaines de chants sont nés ainsi dans des petits cahiers de musique.
Les Jiti de l'an 2000 sont bien décidés à poursuivre l'oeuvre de leur fondatrice qui peut aujourd'hui chanter "les mains ouvertes devant toi, Seigneur, pour t'offrir le monde..."