Pour ce premier disque édité en France, Martin Weiss a choisi de présenter un répertoire et une instrumentation très traditionnelle du jazz manouche. Orchestre à cordes, section rythmique généreuse avec notamment Hono Winterstein (accompagnateur des meilleurs : Dorado Schmitt, Bireli Lagrene) et répertoire alternant les références à Django : « Troublant Boléro », « Swing 48 », les standards du jazz manouche : « Joseph, Joseph », les hommages à des compositeurs de prédilections : Legrand, Gershwin, quelques classiques du middle jazz et deux compositions au caractère mélodico/romantique témoignant particulièrement bien du tempérament de Martin Weiss : « Chanson pour Vincent » et « Merci Grand-père ».
La mélodie ! Voilà bien l'argument autour duquel tout l'art de Martin Weiss est construit. Le violoniste dispose de qualités personnelles qu'il exploite intensément : le swing et la concision “Less is more” selon la maxime ! Ce ne sont certes pas les moyens techniques qui lui font défaut, les ornementations peuvent être fulgurantes ! Il s'agit bien ici du choix délibéré de faire swinguer la mélodie ! Et si la référence à Grappelli est inévitable, c'est du côté de Stuff Smith qu'il faut regarder pour évoquer cette option pour un swing féroce et faussement nonchalant.
Instrumentalement, et très différemment des violonistes de jazz issus de l'école roumaine : Florin Niculescu, Costel Nitescu, Martin Weiss opte pour l'économie de notes et le posé du phrasé, privilégiant le travail du son, l'exploitation maximum de la résonance de la corde et de subtiles ornementations.
À ce jeu tout en balancement, répond sur la moitié des morceaux, la guitare pleine de verdeur et de vélocité du jeune Brady Winterstein, l'une des pousses de la nouvelle génération, à la technique instrumentale déjà redoutable. Cette opposition de style constitue d'ailleurs l'un des clins d'œil musicaux de cet album.
Sur les cinq titres restant, la guitare solo est jouée par Martin Weiss ! Fuyant toute tentation démonstrative, notre leader ne semble là occupé que par un seul but : magnifier la mélodie, la faire chanter avec le maximum de swing.
Cet album offre au plus grand nombre l'occasion de découvrir un artiste d'exception, gageons qu'il permettra à Martin Weiss d'être plus présent sur une scène française où il est plutôt rare jusqu'à présent. C'est tout le mal que l'on souhaite aux spectateurs, Martin Weiss est un « Seigneur » d'une rare prestance et qui vous saisit l'auditoire comme seuls savent faire les grands.
« Quand il joue, ça sent le hérisson... ! » confiait Patrick Saussois admiratif, au magazine French Guitare.
Il faut avouer que Martin Weiss à de quoi séduire : une technique infaillible (et surprenante puisqu'il joue en gaucher un violon de droitier...), un drive sensationnel associée à une écoute attentive de ses partenaires, une façon bien à lui de faire “monter la sauce”... Bref, un musicien exceptionnel à la sensibilité particulièrement généreuse.
Et en plus, dans ses plus beaux moments, son violon arrive à sonner comme un sax... !
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Martin Weiss est né en 1961. Il vient d'une grande famille de tradition musicale, connue pour la plupart comme "Gypsy" ou "Sinti". Son grand-père lui apprend tout de la musique, un héritage transmis de génération en génération. Il lui donne également le conseil précieux de toujours jouer avec honnêteté, intégrité et vérité. Cette essence donne à Martin une base musicale solide qui l'aide à développer son propre style durant ses années d'apprentissage comme musicien. À 17 ans, il est déjà une Shooting Star avec le Häns'che Weiss Ensemble qui remporte un succès international. L'ensemble enrichit et développe un nouveau son, le Jazz Sinti, qui est considéré, dans l'histoire de la musique, comme seul et authentique Jazz développé en Europe.