La rétrospective de l'oeuvre de Django Reinhardt parue en une série de coffrets entre 2015 et 2022, est devenue une collection de référence saluée par la presse (Choc Jazz Magazine, Must TSF Jazz...), offrant le meilleur de Django avec le meilleur son.
Retrouvez la quintessence de cette oeuvre à travers cette série de vinyles, bénéficiant d'une qualité sonore exceptionnelle grâce au travail de remastérisation effectué.
Six années se sont écoulées depuis la déclaration de guerre de 1939. Six années pendant lesquelles Django et Stéphane n'ont pu jouer ensemble, le violoniste étant resté à Londres. À l'issue du conflit mondial, on pense bien sûr à reformer le fameux Quintette à cordes. Les deux amis se retrouvent donc à Londres – où Stéphane a désormais élu domicile – à la fin de janvier 1946. Les accompagnateurs réguliers du Quintette n'ayant pu obtenir leur visa à temps, c'est à une rythmique anglaise qu'on fait appel pour les séances des 31 janvier et 1er février 1946. Elle apportera souplesse et légèreté à la musique des deux virtuoses.
Dans les studios d'Abbey Road, Charles Delaunay cherche à recréer la magie des retrouvailles entre Django et Stéphane. Deux jours plus tôt en effet, l'hymne national avait spontanément jailli sous leurs doigts, dans un moment de communion immédiate. On enregistre donc cette inoubliable version de La Marseillaise (Échos de France), dont la radiodiffusion restera malheureusement interdite sur les ondes françaises pendant de trop longues années ! Le programme est notamment complété par les nouvelles compositions de Django, surgies durant les années de guerre : Mélodie au crépuscule, Belleville et bien sûr Nuages, que le violoniste et le guitariste enregistrent ensemble pour la première fois.
L'année suivante, c'est à Paris que se reformera le Quintette, cette fois en compagnie de Joseph Reinhardt et Eugènes Vées aux guitares (respectivement frère et cousin germain de Django) et Fred Ermelin à la contrebasse. Le 21 novembre 1947, lors d'une séance pour la Radio Diffusion Française, la cohésion du groupe est à son apogée, saisie sur le vif, avec une rare présence sonore. Un état de grâce que R-Vingt-Six, récente création des deux acolytes interprétée à cette occasion, illustre magnifiquement.
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Stéphane Grappelli est un des inventeurs du violon jazz. Né en 1908 à Paris, il commence à jouer dans les rues et les cours d'immeuble dès l'âge de 12 ans. Très jeune, il entame une carrière professionnelle en accompagnant les films muets au piano et au violon dans les cinémas, puis en jouant dans les dancings et les cabarets. Sa rencontre avec le guitariste Django Reinhardt, au début des années 30, suivie par la création du Quintette à cordes du Hot Club de France, sera déterminante.
Surpris par la déclaration de guerre lors d'une tournée en Angleterre en 1939, il y restera jusqu'à la fin du conflit mondial et y développera sa propre carrière, jouant notamment avec le pianiste George Shearing. Il enregistre et se produit ensuite avec les plus grandes figures du jazz (Duke Ellington, Jean-Luc Ponty, Barney Kessel, Earl Hines, Gary Burton…), tout au long des années 50 et 60, avant d'accéder au statut de star internationale du violon suite à sa collaboration avec Yehudi Menuhin au début des années 70. Dès lors, pendant près de vingt-cinq ans, Stéphane enchaînera, jusqu'à la fin de sa vie, tournées internationales et collaborations prestigieuses (avec Paul Simon, Oscar Peterson, Baden Powell, Pink Floyd, Yo Yo Ma, Michel Legrand…).
Django Reinhardt naît en 1910 à Liberchies (Belgique) dans une famille d'artistes ambulants.
Son enfance est marquée par les voyages (Italie, Corse, Algérie). L'influence de son père, qui l'initie au violon, et celle d'un oncle guitariste constituent ses premiers contacts connus avec la musique. Dans le sillage du banjoïste Gusti Malha (pionnier de la valse gitane) et de Poulette Castro (maître de la technique à plectre), Django devient dès le milieu des années 20 un virtuose du banjo-guitare (à 6 cordes). Installé aux portes de Paris, il effectue ses premiers engagements professionnels avec des accordéonistes, dans les bals des faubourgs, et se distingue rapidement par son style et l'originalité de ses conceptions.
En novembre 1928, victime d'un incendie dans sa roulotte, il perd l'usage de deux doigts de la main gauche. S'ensuivra une convalescence longue et difficile, durant laquelle il va adapter sa technique instrumentale à son handicap. Au début des années 30, il découvre le jazz, qui s'impose à lui comme une véritable révélation.
La rencontre du violoniste Stéphane Grappelli conduira en 1934 à la formation du Quintette du Hot Club de France, première formation de jazz à cordes, dont le succès rayonne à travers l'Europe. Adepte de la guitare Selmer, Django devient un des premiers grands improvisateurs sur l'instrument acoustique. Séparé de Grappelli durant les années de guerre, il fonde un nouveau quintette avec clarinette. Cette période sera celle de ses plus grands succès (à l'image de sa composition la plus célèbre, Nuages).
Le déclin du swing et l'avènement du be-bop de Charlie Parker et Dizzy Gillespie occasionneront une évolution sensible de son jeu, notamment après son séjour aux Etats-Unis et sa tournée avec Duke Ellington, à l'hiver 1946-47. Après plusieurs années d'essais et de tâtonnements sur l'instrument amplifié, Django trouvera un nouvel équilibre et une maturité expressive d'une étonnante modernité à la guitare électrique à partir de 1951, jusqu'à sa mort, survenue le 16 mai 1953, d'une congestion cérébrale.
Considéré aujourd'hui, à l'égal des plus grands musiciens afro-américains, comme un des rares maîtres européens du jazz, son influence ne cesse de s'étendre, sur tous les continents (Europe, Amérique, Asie…).