Servie par une rythmique superlative (André Ceccarelli aux drums et Diego Imbert à la contrebasse), la guitare virtuose d’Adrien Moignard explore de nouveaux horizons. De compositions originales en coups de chapeau (Django Reinhardt, Wes Montgomery, Jaco Pastorius), en passant par un très beau clin d’œil à Birkin/Gainsbourg, Adrien accède allègrement à la cour des grands. Subtil et brillant !
Adrien Moignard possède sans aucun doute deux des plus belles « mains » du circuit. A propos d’un guitariste, on parle de « mains » pour désigner à la fois une morphologie spécialement adaptée à l’instrument, et l’accomplissement d’un travail long et rigoureux aboutissant à une limpidité et une fluidité des mouvements. Pour un improvisateur, il s’agit là d’une qualité rare. Car la pensée doit commander « en temps réel », et le corps pouvoir suivre toute proposition musicale induite sur le moment. Dans le domaine du jazz, seuls quelques grands solistes en sont capables. Adrien appartient à cette catégorie de musiciens-là.
Du collectif Selmer #607 à son compagnonnage avec Didier Lockwood ou Biréli Lagrène,
Adrien s’est affirmé depuis une quinzaine d’années comme un des plus brillants représentants de l’école de guitare issue de Django Reinhardt. Son goût à peine moins prononcé pour la guitare américaine, récemment mis en évidence par sa collaboration avec la chanteuse Anne Ducros, apparaît tout aussi fructueux. Toujours est-il que, de Jaco Pastorius (Three Views of a Secret) à Django lui-même (Vamp), en passant par Wes Montgomery (The Trick Bag), le salut à trois figures tutélaires incontestables trace ici une impeccable ligne de force, agréablement bousculée par quelques standards et la reprise fort bienvenue du Quoi de Birkin/Gainsbourg, le tout propulsé par deux compositions (Bright Up et Rue Carnot), qui font définitivement entrer Adrien dans « un autre monde », celui du trio avec basse et batterie (André Ceccarelli et Diego Imbert, superlatifs), que tout guitariste « majeur » se doit un jour d’aborder. Quant à la vision délicieusement « harmonique » de Dédé et à la souplesse indéfectible de Diego, elles permettent évidemment au leader de « passer la rampe » sans encombre. Largement.
« Bright Up », parlons-en justement, puisque l’expression donne le ton et marque le coup d’envoi. A défaut de véritable « création verbale », elle procède en tout cas des fameux raccourcis chers aux boppeurs. En musique, « brillant » et « vif » s’emploient en effet à la fois pour caractériser le jeu et le tempo. Ici simplement juxtaposés, les termes renvoient tout aussi bien au jeu d’Adrien dans son ensemble qu’au thème décoiffant qui ouvre l’album. « Tonique », « tonifiant » – telle pourrait en être finalement la traduction, dont la vertu serait d’éclairer et d’éclaircir le moment, sinon la situation. Voilà tout le mal qu’on peut souhaiter à l’auditeur à l’écoute de cet opus !
Max Robin
"Le tempo, fiston, garde le tempo !" Ce conseil que lui donnait son père, André l'a toujours en mémoire. Mieux, il le connaît sur le bout des doigts ! Aujourd'hui, André Ceccarelli est considéré comme l'un des meilleurs batteurs français de notre époque. Surnommé « Dédé », il a joué et enregistré avec les plus grands, quel que soit le style (Stan Getz, Dexter Gordon, Chick Corea, Michel Jonasz, Didier Lockwood, Dee Dee Bridgewater, Michel Legrand, Charles Aznavour, Martial Solal, Henri Salvador, Tina Turner, Michel Portal, Lou Bennett, Maurane, Sylvain Luc, Biréli Lagrène, Stefano Di Batista, Claude Nougaro, Richard Galliano, Brad Mehldau...).
Il débute réellement sa carrière dans les années 60. Après un passage dans l'orchestre d'Aimé Barelli à Monaco, il s'impose vite comme un excellent batteur de jazz sur les scènes italiennes et françaises. En parallèle à sa carrière de jazzman, il devient dans les années 70 et 80 un musicien de studio incontournable. A cette période, il enregistre de 9 heures du matin à minuit, tous les jours, ou presque. Avec plus de 1000 disques à son actif, "Dédé" devient vite une figure majeure du jazz et de la musique française. En 1993, il obtient une Victoire de la Musique ainsi qu'un Django d'Or pour l'album "Hat Snatcher". Dès 1998, la Sacem lui décerne son Grand Prix du Jazz pour l'ensemble de sa carrière.
Aujourd'hui Dédé, batteur et compositeur, tient toujours le tempo dans de multiples projets. Ouvert sur les autres, sur les présents, les futurs du jazz, Dédé n'en finit plus de faire respirer la musique. Et avec sa gentillesse et sa discrétion, il nous rappelle que les plus grands sont aussi, souvent, les plus humbles.
Diego Imbert commence la musique par le violon à l'âge de six ans, avant de se mettre à la basse électrique à 15 ans. C'est en 1995 qu'il aborde la contrebasse (Conservatoire de Paris et stages avec Jean-François Jenny-Clark et Eddie Gomez). Il remporte la médaille d'argent au Concours International de Contrebasse de Capbreton à l'été 1999. Après avoir vécu à Nancy, il s'installe à Paris en 2000 et participe à de nombreuses formations (Paris Jazz Big Band, Orchestre Colonne…) et se produit régulièrement en Allemagne, Italie, Norvège, Pologne, aux USA et au Canada, notamment au sein du « Gipsy Project » et du trio de Biréli Lagrène (dès 1998). En 2008, Diego monte son propre quartet (avec David El-Malek, Alex Tassel et Franck Agulhon), s'imposant rapidement comme leader et compositeur (albums « A l'ombre du saule pleureur », en 2009 et « Next Move », en 2011).
Sidemen recherché (Archie Shepp, Didier Lockwood, Aldo Romano, Richard Galliano, Eric Legnini, Philip Catherine, Enrico Pieranunzi, Antonio Farao, Pierre de Bethmann, Pierrick Pedron, Sylvain Luc, Michel Perez, Olivier Ker Ourio, Baptiste Trotignon, Tigran Hamasyan, Sara Lazarus, Anne Ducros, Elisabeth Kontomanou…), Diego Imbert a été récompensé en 2020 par l'Académie du Jazz (prix du disque français) pour son album en duo avec le pianiste Alain Jean-Marie (« Interplay – The Music of Bill Evans »), couronné par une Victoire du Jazz d'Honneur en 2021.
Né en 1985, Adrien Moignard commence la guitare dès l'âge de 12 ans. Guitariste autodidacte, il puise ses premières influences dans le rock et le blues.
Adrien Moignard s'impose aujourd'hui comme un guitariste majeur de la scène jazz. Issu du style manouche, dans lequel il s'est illustré comme un des plus brillants solistes de sa génération (avec le collectif Selmer #607 ainsi qu'à la tête de son propre trio ou quartet), Adrien s'est exprimé au sein de nombreux projets, aux côtés d'artistes tels que Didier Lockwood, Biréli Lagrène, Cyrille Aimée, Sanseverino, avec le quatuor Loco Cello ou plus récemment les chanteuses Anne Ducros et Paloma Pradal, ainsi qu'en trio avec Diego Imbert et André Ceccarelli pour l'album « Bright Up » (Label Ouest, 2021), chaleureusement accueilli par la critique (4 étoiles Jazz Magazine et Must TSF Jazz), ou avec l'accordéoniste Richard Galliano.
Heureux mélange de virtuosité et de lyrisme, le jeu d'Adrien Moignard frappe par sa singularité et son style caractéristique. Héritier de la musique de Django Reinhardt, son attrait pour les musiques actuelles crée un savant mélange des genres. S'étant produit sur les plus grandes scènes du monde (Europe, États-Unis, Canada…), sa renommée ne cesse de grandir, aussi bien en France qu'à l'international.